Sylvie CHRISTOPHEArticle ...
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Sylvie CHRISTOPHE
Peintures – tissages
Exposition du 3 au 28 octobre 2000

Chaque création prend ses racines dans la texture fragile d'un papier d'emballage ramassé,

conservé, ajouté à l'accumulation de similaires contenants dans l'atelier de l'artiste. Le support peut être vierge ou impressionné, orné de légendes ou de sigles. L'emploi de ce matériaux, dénué de toute valeur marchande et dont l'usage est par nature très limité, constitue de façon paradoxale une attache à notre société, un repère temporel et géographique, le signe d'un quotidien dans ce qu'il a de plus ordinaire.

Sur ce papier, dont il ne subsistera très vite que de rares traces, viennent s'étaler peu à peu les couches successives de teints dilués qui garderont l'aspect brumeux ou translucide caractéristique des travaux de l'artiste – sorte de recouvrement mesuré du support initial, dont il s'agit là d'admettre l'insoupçonnable fertilité, ou d'envisager l'urgent détournement.

A la première approche, et sans doute jusqu'au terme de la visite de l'exposition, une évidence reste à l'esprit du regardeur : Sylvie Christophe viendrait d'ailleurs. D'une terre étendue bien au- delà de nos frontières occidentales. D'une contrée abondamment baignée d'un autre soleil. De cités bâties au creux de paysages de sables et de rocailles. Ce sont les symboles qui viennent se développer par la suite sur le papier que l'on croyait si précaire qui laissent penser cela. Les lignes entrelacées à l'infini et les motifs floraux se sont greffés sur le support, lui attribuant par là-même un statut de création hybride, tentée par deux horizons éloignés. Un métissage de signes. L'inattendu dialogue muet établi entre un produit de consommation et un fragment issu d'autre temps, d'une autre latitude, d'autres valeurs.

Dissimulation échouée du premier élément au bénéfice du second...

Les symboles, Sylvie Christophe les ramena dans les compartiments de sa mémoire au retour de deux années passées au Maroc. Aujourd'hui, elle vit à Tulle en Corrèze. Ses oeuvres pourraient être perçues comme les pages d'un journal de bord qui n'en finirait pas de révéler ses secrets, ou comme les feuilles nées d'un arbre étrange dont Sylvie détiendrait la sève. Mais les peintures n'émanent pas seulement des souvenirs ancrés profondément dans cette mémoire. L'œuvre est alimentée d'un passé vigoureux et d'un présent dont rien n'affecte le sillage. L'antagonisme permet d'ériger une passerelle tendue entre ici et là-bas, entre deux maintenant vécus dans un seul.


Article : Cyril Herry

Cyril Herry, de Culture et Patrimoine en Limousin, a publié ce texte dans les pages de la D.R.A.C. Limousin, sur le site internet du Ministère de la Culture.


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